C’est un ouvrage original et fécond à plus d’un titre. Cette affirmation porte un coup supplémentaire décisif à toute l’idéologie de l’économie de l’environnement néoclassique qui, subitement, décide de prendre en compte la nature, ainsi qu’au bavardage irrationnel de toute une littérature écologiste qui, croyant bien faire, tombe dans le panneau de la croyance en une valeur intrinsèque de la nature, que cette valeur soit économique ou éthique. 2020 - Enquêtes sur la vie à travers nous, Manières d'être vivant, Baptiste Morizot, Alain Damasio, Stéphane Durand, Actes sud. Baptiste Morizot est écrivain et maître de conférences en philosophie à l'Université d'Aix-Marseille. Comme le disent Patel et Moore, "la Nature n’est pas une chose, mais une façon d’organiser – et de cheapiser [5] – la vie. Il s’ensuit une analyse du visage du loup, considéré comme un « masque », dont Morizot fait un parallèle avec le sourcil humain, qui « rappelle à la surface son art immémorial du survisage animal, et nous voilà jouer du sourcil comme on joue du violon » (p. 125), et avec l’art du maquillage chez les hommes et femmes de théâtre, loin du stéréotype attaché au genre féminin (p. 126-129). C’est un phénomène classique de la domestication, qui permet aux domesticateurs d’utiliser cette possibilité développementale inventée par l’évolution, qu’on appelle la néoténisation (elle consiste à retarder la maturation des individus), pour ne conserver dans le cheptel que les spécimens les plus impressionnables, manœuvrables, malléables, manipulables. » (p. 286). L’auteur a certainement conscience de cette difficulté car il écrit : « Disons qu’il est extrêmement difficile d’esquiver toutes les métaphores dans cette entreprise conceptuelle, qui resémantise l’idée d’alliance pour qualifier des fronts communs avec des entités qui pourtant ne passent pas contrat et ne parlent pas. Florence Burgat est philosophe, directrice de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (INRAE), et travaille sur la condition animale dans les sociétés industrielles, sur le droit animalier… elle mène aussi des recherches anthropologique afin de répondr… Entretien. Enquêtes sur la vie à travers nous est, après Les Diplomates et Sur la piste animale, le dernier livre de Baptiste Morizot, maître de conférences à l'Université d'Aix-Marseille. Mais la sélection artificielle a, pendant quelques milliers d’années, juvénilisé le mouflon farouche pour en faire une brebis docile : c’est-à-dire que la brebis adulteest maintenue face à la menace dans l’état affectif et l’impuissance d’un juvénile. Ce qui est appelé couramment l’environnement n’environne rien puisque les humains sont directement insérés dans un milieu vivant. Le philosophe Baptiste Morizot inverse les perspectives en proposant que ce soit son animalité qui fasse la valeur de l’homme, dans son dernier ouvrage «Sur la piste animale» » il est un animal (p. 121). Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement. ePagine | Choisir un livre, choisir son libraire eBooks - eBooks en français - eBooks en anglais Liseuses Espace Pro Il est d’autres façons d’interroger notre rapport aux animaux que le spécisme. Et « on comprend que la crise de cette relation entre loups et pastoralisme en Europe provient en grande partie de la situation sinistrée du pastoralisme ovin français, liée à des logiques économiques (la dévaluation de la viande issue de la filière française induite par la Politique agricole commune et la mondialisation du marché du mouton) » (p. 244). Agrégé et docteur en philosophie, ses recherches consistent en une enquête transdisciplinaire, centrée sur les relations constitutives entre l’humain et le vivant en lui et hors de lui. […] Reste cette conclusion : il est peu défendable de vouloir éradiquer les loups pour protéger des brebis vulnérables, alors que c’est notre héritage qui les a rendues telles. Leur monopole dans la formulation des problèmes fragilise les tissages réels, qui sont toujours des interdépendances localisées de vivants humains et non humains. Il s’agit de pister à la fois les vivants sur le terrain et les idées que nous nous faisons d’eux dans la forêt des livres et des savoirs… Baptiste MORIZOT Baptiste Morizot est écrivain et maître de conférence en philosophie à l'université d'Aix-Marseille. C’est une conséquence de la destruction des « dispositifs spontanés de régulation », analyse, comme en écho, le philosophe du vivant Baptiste Morizot dans son dernier livre … […] Le diplomate n’est pas attaché à un arbre, c’est un attaché aux interdépendances. FLORENCE BURGAT "Un livre génial, qui permettra au lecteur de vivre quelque chose comme une expérience oscillant entre un séisme intime et une ascension alpine." On découvre donc un philosophe de métier qui passe une bonne partie de son temps à participer à l’expérience scientifique « CanOvis »[2] de suivi des loups dans les montagnes du Vercors et des alentours. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, de Baptiste Morizot, Éditons Wildproject, 2016. C’est pourquoi l’« ajustage » est « une réinvention [qui] n’est pas l’objet direct et exclusif du droit, qui doit par son essence surstabiliser les statuts juridiques, pour des raisons de durabilité : cette réinvention est aussi et d’abord le grand enjeu de tous les praticiens au contact des autres formes de vie (paysans, permaculteurs, forestiers, aménageurs, conservationnistes, urbanistes, architectes…) vers une transformation de nos usages des territoires. C’est en tout cas ainsi qu’on peut comprendre cette affirmation qui ne manquera pas d’irriter nombre de bien-pensants de l’écologie politique : « Mais ce tissu du vivant, ce serait une erreur de le nommer innocemment "Nature" comme l’ont fait les modernes, celle qu’il faudrait protéger, aimer ou exploiter (et il ne faut pas non plus se passer de ce mot, c’est plutôt que mille mots réflexifs sont nécessaires, à libérer, inventer, détourner). Celle-ci me fait penser à l’abstraction du choix sous un voile d’ignorance pour définir une société juste selon John Rawls [6] : ce fut une belle construction intellectuelle mais a-t-elle pu et peut-elle servir à quelque chose de pratique dans une société injuste ? […] Nous sommes intrinsèquement faitsde désir. C’est enfin, et c’est là qu’émerge la communauté d’importance, un pastoralisme plus compatible avec la présence des loups (car la présence du berger et les petits troupeaux sont efficaces pour réduire massivement la prédation sur les troupeaux) » (p. 247). Cela signifie que l’évolution doit être comprise comme une « accumulation sédimentaire d’ascendances animales, parfois végétales, bactériennes aussi, dans chaque corps vivant […] Dans le vivant les couches d’ancestralités sont toutes simultanément disponibles à la surface, et se composent ensemble malgré leur ancienneté différente : dans l’acte d’écrire ces lignes, le pouce opposable offert par les primates il y a trois millions d’années s’allie à l’œil-puits, que j’hérite d’un ancêtre du Cambien (cinq cent quarante millions d’années), et les deux s’allient à l’écriture, technique apparue il y a quelque six mille ans. On se surprend à insulter les loups à la caméra, à encourager les chiens. Une idée neuve… de Marx à Luckács… Une idée critique, sortant des sentiers battus, sur les traces du loup... Un livre où la poésie affleure à chaque page : « Le tissu du vivant est une tapisserie de temps, mais nous sommes dedans, immergés, jamais devant. [6] John Rawls, Théorie de la justice, Seuil,  1987. » (p. 264-265). Pouvons-nous comprendre les loups et peuvent-ils nous comprendre ? D’où la proposition : « ces égards pour la prairie exigent des troupeaux plus petits, une présence pastorale plus intense, et, ce faisant, un pastoralisme plus respectueux du métier de berger, au sens de l’art ancestral de mener les brebis. La conclusion est que « l’éthique ne consiste plus à s’élever fièrement au-dessus de l’animal en soi, mais dans une certaine manièreà être l’animal que nous sommes » (p. 203). Essai sur la vie végétale publié au Seuil dans la collection « La Couleur des Idées ». Le désir n’est pas un manque, c’est une puissance – la puissance par laquelle nous persévérons dans l’existence. Un livre pour l’été 2020 : Manières d’être vivant de Baptiste Morizot, OMC : les défis d’une institution en panne, Dette : derrière le débat sur l'annulation, le traumatisme de la crise de 2010, Luxembourg, la fabrique d'un paradis fiscal, Des idées neuves (1) ? Déconstruire l’idée reçue que l’écologie est un loisir béni-oui-oui pour les amis des bêtes mais bel et bien une proposition cohérente d’être au monde, voilà l’une des pistes de réflexion ouverte par Baptiste Morizot dans cet ouvrage. "Baptiste Morizot propose dans cet ouvrage une nouvelle carte ontologique. Manières d'être vivant, avec le philosophe-pisteur Baptiste Morizot, Henri Matisse, couleurs sonores (1/4) : le mystère Matisse. Baptiste Morizot, que dans ses précédents livres on reconnaissait à sa manière si singulière de frayer la piste animale à travers différents lieux, s’est mis en tête d’élargir la focale et de pister cette fois des milieux de vie. Face à la disparition vertigineuse du vivant, le philosophe-pisteur, Baptiste Morizot, maître de conférences à l'Université d'Aix-Marseille nous invite à repenser, à réinventer nos relations avec tous les êtres vivants dans "Manières d'être vivant. Autrement dit, la connaissance des interdépendances et l’attention qui leur est portée est le fait des humains seuls. Avec Morizot, on est donc aux antipodes de la morale traditionnelle qui considère le désir comme animal et qui « réclame une domination d’une bête dépendante », alors qu’il faudrait construire une cohabitation avec les animaux bien vifs qui nous habitent et nous constituent. Le philosophe Baptiste Morizot (Université d’Aix-Marseille) vient de publier Manières d’être vivant, Enquêtes sur la vie à travers nous [1]. Ses recherches portent principalement sur … Ce contenu n'est pas ouvert aux commentaires. À propos du livre de Benjamin Coriat, La pandémie, l’Anthropocène et le bien commun, Dans les pas de la tsarine, conte monétaire, Les pieds sur terre, Lire Abondance et liberté de Pierre Charbonnier, État des lieux rapide des controverses sur la monnaie magique. Il déjouait les attaques lupines près de neuf fois sur dix. On-line books store on Z-Library | B–OK. ll enseigne la philosophie à l’Université d’Aix-Marseille mais c’est un philosophe particulier. Manières d'être vivant. FALK VAN GAVER "Leopold nous invitait au début du 20e siècle à penser comme une montagne. Celui dont son ami écrivain Alain Damasio dit dans la postface qu'il "met la vie à l'intérieur de la pensée". Dès lors, s’ouvre une nouvelle compréhension de la théorie de l’évolution de Darwin : les non-humains « sont si familiers » parce que nous avons une « ascendance commune » et que « devant un autre vivant, il faut tenir ensemble que ce parent est un alien » (p. 67). Dans une tribune au « Monde », le philosophe Baptiste Morizot défend les iniatives d’acquisition collective de territoires pour permettre leur « réensauvagement ». Au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture de cet ouvrage, dont les comptes rendus de pistage et la conceptualisation philosophique alternent de chapitre en chapitre, on pourrait se demander quel rapport l’auteur entretient avec l’animisme. En cliquant sur « je m’abonne », j’accepte que les données recueillies par Radio France soient destinées à l’envoi par courrier électronique de contenus et d'informations relatifs aux programmes. Et, ce qui ne gâte rien, il est passionnant. Même en suivant Morizot, il subsiste une spécificité des humains, une responsabilité qui leur incombe à eux seuls. Morizot nous invite à penser … ), le dernier livre de Baptiste Morizot. « L’égard se localise discrètement entre moral et instrumental, c’est une position de réciprocité qui n’est pas un égalitarisme ni une sanctuarisation de l’autre. L’auteur, qui s’inscrit dans la tradition éco-phénoménologique, y établit le diagnostic sévère d’un « appauvrissement de ce que nous pouvons sentir, percevoir, comprendre et tisser comme relations à l’égard du vivant ». Et, ce qui ne gâte rien, il est passionnant. Il signe un grand livre de philosophie." On va voir que c’est pour saisir les interdépendances entre humains et non-humains. Je vous propose de commencer par le livre de Florence Burgat Qu’est-ce qu’une plante ? » (p. 254, 257, 259-260).[3]. Dans son dernier essai, le philosophe des sciences Bruno Latour reprend – et affine – la fameuse « hypothèse Gaïa » qui fait de notre planète un système vivant. Dans cette tribune, Baptiste Morizot décortique le concept des Réserves de Vie Sauvage® de l'ASPAS comme solution concrète pour préserver le vivant. C’est-à-dire au processus qui le rend "bon marché", de faible valeur dans tous les sens du terme : qui simultanément, le dévalue ontologiquement, le dépolitise et le convertit en matière première pour le productivisme. Je viens de lire avec beaucoup d’intérêt et un sentiment de découverte de choses qui m’étaient cachées (! Un économiste point trop engoncé dans la théorie dominante ne pourrait rester indifférent à cet avertissement qui n’est pas sans rappeler l’empathie théorisée par Adam Smith dans sa Théorie des sentiments moraux (1759) : « Pour qu’un migrant m’émeuve, pour que son sort m’ébranle, il faut que j’estime que le fait qu’il soit lui et que je sois moi est un fait contingent : que je pourrais très bien être lui et lui moi, et que nos différences sont des hasards heureux ou malheureux, et pas des nécessités liées au destin, à l’élection, au mérite ou à la valeur. La réponse ne tarde pas : « Chaque vivant hérite de caractères dont la forme et le fonctionnement s’expliquent certes par la sélection naturelle, mais cette dernière a porté dans le passé sur une multitudede fonctions successives ; ensuite parce que des possibles riches bruissent ainsi dans cet héritage. C’est parce qu’il a connu plusieurs fonctions dans le passé que le hurlement du loup est riche d’harmoniques complexes, de propriétés multiples, qui le rendent disponible pour des inventions d’usages, comme s’assurer de la barbarie d’un interlocuteur humain. Henri Matisse, couleurs sonores (1/4) : le mystère ... Résister avec Justine Augier et Yassin Al-Haj Saleh. » (p. 192). Et pourquoi cette préoccupation ? Le dernier livre de Baptiste Morizot, 37 ans, étoile montante de la pensée écologique, est à la hauteur de son accroche : Raviver les braises du vivant. Il s’agit d’une nouvelle manière de fonder une éthologie, c’est-à-dire l’étude des espèces animales mais qui incluent l’espèce humaine. Le philosophe et pisteur renoue avec un sujet cher à son cœur : la nécessité de retisser nos liens avec toutes les formes de vie, et de reconnaître leur prodigieuse diversité. De telle sorte que les non-humains perdent toujours à la fin, parce que l’anthropocentrisme croît avec l’intensité de la crise. On en peut plus dire avec innocence : "la pauvre brebis…" » (p. 231-232). Toujours le loup : « Loup noir et loup blanc ne sont pas des parties de soi, mais des trajectoires ascendantes ou descendantes, mutuellement exclusives, que le soi peut emprunter. En distinguant l’usage et la fonction d’un comportement (par exemple, le hurlement du loup), Morizot « ouvre la voie à une philosophie du vivant qui assume les héritages biologiques sans les transformer en déterminisme : au contraire, ils constituent la condition de l’inventivité, de la nouveauté et de la liberté » (p. 58). […] C’est pourquoi le goût pour l’animisme, pensé comme connexion mystique et sensible à la nature, opposé à la rationalité occidentale conçue comme objectivante et aliénante, constitue une position problématique. Cela nous change de l’économie désincarnée. Réification ? Le diplomate « peut intercéder pour rappeler aux différents camps les moments où ils oublient leur inséparabilité avec les autres. Il peut bricoler des solutions, composer la situation pour que ces interdépendances émergent dans toute leur clarté aux yeux de tous, ou soient respectées, même si elles semblent s’opposer aux intérêts à court terme de chaque camp » (p. 242-243). Une série d'enquêtes philosophiques scrutant la manière de vivre des êtres vivants, humains compris, à la fois sur le terrain et dans les idées. Peu importent les intentions mentales, les pactes signés, les tractations verbales : trois prépositions font une alliance, il suffit qu’il y ait un pour, un entre et un contre. Il apparaît au fil des pages que Morizot poursuit, philosophiquement, deux objectifs : 1) s’écarter du dualisme qui va de Descartes à Kant, sur lequel la modernité a bâti l’opposition nature/culture, et contre lequel l’anthropologie contemporaine a réagi, à l’instar de Claude Lévi-Strauss et de Philippe Descola [7] ; 2) intégrer les « égards ajustés », comme il le dit, au sein d’une démarche qui reste rationnelle et raisonnable, donc scientifique, et qui, de ce fait, s’éloigne des systèmes de croyances, pour fonder en raisonces égards avec tout le vivant. Agrégé et docteur en philosophie, ses recherc... more Baptiste Morizot est MCF à Aix-Marseille Université (CEPERC/ UMR 7304). Le philosophe Baptiste Morizot (Université d’Aix-Marseille) vient de publier Manières d’être vivant, Enquêtes sur la vie à travers nous. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction ou téléchargez la version eBook. Et, quelques lignes plus loin, l’auteur confirme : « C’est l’expérience de la vulnérabilité mutuelle avec les pollinisateurs, les vers de terre, la vie des océans qui nous pousse à sentir depuis le point de vue des interdépendances. Diplomatie : « Avoir la garde des interdépendances » (p. 242). Ce que j’appelle "usages", ce sont des manières hic et nunc, dans la vie individuelle, de détourner et d’utiliser des caractères ataviques en profitant des propriétés dont ils ont hérité, mais à d’autres finsque celles pour lesquelles ils ont été sélectionnés. La posture de diplomate est au cœur de la thèse défendue par Morizot. Baptiste Morizot approfondit ici une série d’enquêtes philosophiques fondées sur la pratique du pistage. TRIBUNE. Le revenu universel, saison 1, 2 , 3, 4…, Comment le commun est-il commun ? Un livre à lire pendant l’été 2020, après les épisodes de la pandémie du Covid-19, de la Convention citoyenne sur le climat, et en prévision des mesures néolibérales de relance de la machine à réifier du capitalisme. Enquêtes sur la vie à travers nous" (Actes Sud). C’est l’idée que par héritage commun ou par convergence évolutive – parce que deux formes de vie ont pendant un certain segment de leur histoire évolutive partagé les mêmes conditions écologiques et les mêmes relations avec d’autre formes de vie – se sont sédimentés, chez des formes de vie qui peuvent être prodigieusement éloignées sur l’"arbre" du vivant, des dispositions, des comportements et des tonalités affectives qui se ressemblent : des manières partagées d’être vivant » (p. 107-109). Conséquemment, un trait biologique, n’a pas pour "vérité" une fonction unique et déterminée par l’optimalité : c’est la gamme historique et zigzagante des fonctions qu’il a connues sur les derniers millions d’années, la gamme de ses usages possibles maintenant, et celle des inventions qu’il facilite pour demain, qui est la vérité d’un organe ou d’un comportement. Un front commun, Raviver les braises du vivant, Baptiste Morizot, Actes sud. Il faut bien gravir les montagnes pour cela. L’auteur évacue définitivement la question de savoir si l’humain est un animal comme les autres, mais il demande : « de quelle autre manière ? [1] Actes Sud, 2020, Postface d’Alain Damasio. Pas du tout, ici, on est invité à suivre la « piste du loup » et à en forger des concepts nouveaux pour penser la relation entre les vivants. Ces deux camps sont monolithiques, ils existent moins que les relations. Ce sont d’autant moins des compromissions que « armer le point de vue des interdépendances ne revient pas à une empathie consensuelle et pacificatrice envers tout le monde indistinctement, mais à une autremanière de faire émerger les amis et les ennemis. Ni spécisme, ni antispécisme, au sens de droits exclusifs, mais une responsabilité spécifique des humains, telle est la ligne de crête risquée empruntée par Morizot, et ô combien exigeante, mais ouverte sur l’horizon. Or, il me semble que ces trois conditions ne peuvent nécessairement être pensées et respectées que par les humains, c’est-à-dire que s’il n’y a pas d’intention commune aux deux parties, il y en a une du côté humain. Commentaire de Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien. […] D’autre part, ce goût pour l’animisme pensé comme connexion sensible opposée à une approche rationnelle passe par l’idée que l’accès aux invisibles, aux significations et aux communications des autres vivants est amoindri par le travail des sciences, par leur usage du raisonnement et du langage. Achetez les produits Baptiste Morizot et profitez de la livraison gratuite en magasin pour tous les livres. Retrouvez tous les produits Baptiste Morizot au meilleur prix à la Fnac. Il n’est pas contre eux non plus. Baptiste Morizot est MCF à Aix-Marseille Université (CEPERC/ UMR 7304). » (p. 285). On n’est plus seulement dans le registre de la philosophie stricte, dans l’abstraction, on est avec Morizot dans le registre de la philosophie politique, car il s’agit bien de bâtir une voie sortant de l’alternative abattage des loups/sacralisation écologique des loups. Baptiste Morizot (Auteur) 5 ( 4 ) Carte Fnac+ à 7,99 pendant 1 an pour tout achat -5% livres en retrait magasin Il s'agit avant tout d'un problème géopolitique : réagir au retour spontané du loup en France, et à sa dispersion dans une campagne que la déprise rurale rend presque à son passé de « Gaule chevelue ». Baptiste Morizot - retrouvez toute l'actualité, nos dossiers et nos émissions sur France Culture, le site de la chaîne des savoirs et de la création. Mais Morizot n’aboutit-il pas à une pure abstraction ? Il répond de façon précise : « La sensibilité aux autres dans leurs altérités est enrichie de l’intelligence sous sa forme la plus rigoureuse, la plus cartésienne, de l’activité de raisonnement, qui ne peut être jetée avec l’eau du bain de la modernité sans céder à un irrationalisme complaisant, mais qui doit être reconnectée à la sensibilité la plus vibratile, la plus généreuse, et expurgée de ce qui n’a jamais été l’essence des sciences ou du raisonnement mais un folklore violent (l’objectivation aveugle, la pure quantification, la désanimation). Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction ou téléchargez la version eBook. » (p. 146). L’auteur nous entraîne dans une aventure à la fois physique et intellectuelle. "Manières d'être vivant", Baptiste Morizot. […] Et ces ascendances sont partagées. » (p. 271, souligné nous pousse à sentir par moi, JMH). [3] Voir aussi les notes de B. Morizot n° 23 et 25, p. 301-302. On lira aussi, ce qui pour le coup ne manque pas de sel, à quand et à quoi remonte, selon l’auteur, le besoin de sel dans l’alimentation humaine (p. 151-153 et 171), parce que nous ne sommes plus les éponges de l’époque originelle dans les océans. Dans son nouveau livre, Raviver les braises du vivant, le philosophe Baptiste Morizot étudie les expériences de forêts laissées en libre évolution. Manières d'être vivant - Baptiste Morizot. Recevez du lundi au vendredi à 12h une sélection toute fraîche à lire ou à écouter. On peut comprendre la cheapisation comme une entreprise de braderie. Il a écrit Les Diplomates. Et pas un unique "à quoi ça sert là ?" Le lecteur est alors invité à rejoindre Spinoza dans sa conceptualisation du conatus, cette puissance d’agir qui pousse tout vivant à persévérer dans son être, et qui prend appui sur les passions, les affects, dont il existe deux types : la joie et la tristesse, qui ne sont pas des parties séparées de l’âme comme chez Descartes entre la raison et les passions, mais qui sont « des affects transitoires du soi qui investissent chaque fois toutl’individu : des processus. » (p. 141-142). Pourtant, l’auteur nous avertit : « Il n’est pas nécessaire que les acteurs humains et non humains aient pour intentionde s’allier pour qu’il y ait alliance (c’est déjà le sens du concept descriptif d’"alliance objective"). La réponse est négative et c’est l’un des points les plus originaux de la thèse de Morizot : « Car représenter chaque non-humain sur le modèle de l’acteur libéral, porteur d’un intérêt prédéfini à défendre, produit cet effet très net en situation : cela ajoute du clivage, rejoue et pérennise le caractère exclusif et contradictoire des intérêts (les leurs comme les nôtres). « Rien de ce qui est vivant ne m’est étranger » (p. 237). Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant (Wildproject, 2016), et chez Actes Sud, deSur la piste animale(2018) et Manières d'être vivant (2020). Comme par exemple un produit Baptiste Morizot pas cher à acheter parmi les 9 références neuves ou d'occasion disponibles à la vente. Livraison chez vous ou en magasin et - 5% sur tous les livres. Il est l'auteur desDiplomates. Et y voit l’étendard d’une nouvelle société qui cesse de considérer la nature comme hostile. [4] Voir J.-M. Harribey, La richesse, la valeur et l’inestimable, Fondements d’une critique socio-écologique de l’économie capitaliste, Les Liens qui libèrent, 2013 ; et Le trou noir du capitalisme, Pour ne pas y être aspiré, réhabiliter le travail, instituer les communs et socialiser la monnaie, Le Bord de l’eau, 2020.. [5] Raj Patel et Jason Moore, Comment notre monde est devenu cheap, Flammarion, 2018, cité par B. Morizot, note 35, p. 306. Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées. […] Le loup n’est pas interdépendant de nous au sens où sa disparition nous voue à la mort, mais au sens où sa présence nous engage dans des transformations d’usage des territoires qui sont plus soutenables, plus vivifiantes pour les milieux, et pour les pratiques humaines elles-mêmes.